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Les écrits de Paul

17 avril 2006

MA DEMARCHE

Comment ont débuté mes recherches :

  • En  1989 et quelque temps avant l'exposition, que le Centre de la Culture de Meulan devait organiser pour le Bicentenaire, Monsieur André Larché m'avait un jour convoqué chez lui et  prêté le carnet de manière à le décrypter dans son ensemble pour éventuellement m'en servir pour cette exposition et parce qu'il avait lui-même beaucoup de mal à le faire.

  • Je commençais donc par lire  très attentivement chacune des lettres en les recopiant à la main dans un cahier.

  • Ce n'est qu'arrivée au milieu de ce dernier, que je trouvais le CERTIFICAT DE RESIDENCE que Paul envoyait à sa mère, depuis l'Ile Maurice (pour justifier de sa présence en tant que colon et non émigré),  que je compris qui écrivait ces lettres.

  • J'écrivais à la Mairie de  RENNES pour obtenir son acte de baptême et commencer ainsi une recherche généalogique qui me situerait mieux le personnage.  J'obtins ainsi tous les actes le concernant ainsi que ceux concernant ses parents.

  • Dans un second temps, et au fur et à mesure de ma lecture, je m'aperçu qu'il avait plusieurs fois traverser les océans et je me précipitais donc aux  Archives de l'ancienne Guyenne à BORDEAUX afin d'y consulter les archives de l'Amirauté et puis aux ARCHIVES NATIONALES pour retrouver les listes de passagers (cette recherche s'avéra vaine).  J'obtins pourtant énormément de résultat à BORDEAUX en trouvant toutes les pièces concernant les bateaux affrétés par M. de d'Entrecasteaux en Isle de France et sur lesquels Paul et Auguste avaient fait la route jusqu'en Guyanne.

  • J'obtins les actes de vente du Pinson et de la Fauvette et celui de l'Alexandre :

  • REF : 6B1964 ARCHIVES DE LA GIRONDE (Navire l'Alexandre vendu aux enchères 1790) P.V. de vente

  • Même cote 6B1964 Procès verbal de vente du Pinson et de la Fauvette AD Gironde vendu aux enchères en 4 reprises allant du 2 juillet 1790 au 13 juillet 1790 - vendu en pièces détachées avec la Franchise.

vente_alexandre   vente_pinson_fauvette      pv_de_vente_la_franchise

vente de l'ALEXANDRE             PINSON ET FAUVETTE         LA FRANCHISE

Entre temps, l'exposition avait eu lieu et j'avais pu préparer plusieurs panneaux très fournis sur la vie de Paul, son parcours, sa situation à MAURICE.. etc.

Devant le travail accompli, le jour du vernissage de l'Expo, André Larché me fit solennellement cadeau du carnet de Paul. Ce qui me laissa pantoise de surprise et de joie. Enfin j'allais pouvoir sans contrainte,  conserver le carnet pour aller au delà de ma démarche qui était loin d'être terminée.

J'entrepris la recopie totale des lettres sur mon vieil ordinateur de l'époque y incluant quelques  iconographies que j'avais pu glâner ainsi que tous les actes obtenus.

J'établis également l'index de tous les navires empruntés par Paul et leurs capitaines au cours de sa vie et ceux dont il chargea, à de nombreuses reprises, de mener ses marchandises de France à Maurice et vice-versa,  soit plus de 44 navires.

Egalement j'établis l'index de tous les patronymes rencontrés au cours de ma recherche : (que je tiens à disposition des chercheurs).

Il me fallut bien sur retrouver des éléments généalogiques pour comprendre la parenté existante entre Paul et Thérèse son épouse mais aussi pour situer de façon certaine tous les personnages.

LES PERSONNAGES DE SON ENTOURAGE :

- Son père Mathurin Pierre Chéreil de la Rivière Chevalier Baron de Blébléban Conseiller du Présidial de Rennes et de la Chambre des Comptes de Nantes marié le 19.2.1753 à Demoiselle Françoise Michelle Banchereau  eurent outre Paul :

  • Jean Paul Mathurin Chéreil de la Rivière - fut président de la Chambre des Comptes de Bretagne à résolution de l'Office de son père en 1778. Vécut à Saint-Malo avec son épouse Marguerite Reine White de Boisglé qu'il perdra en 1794. Se remariera à Lausanne où il avait émigré pendant la Révolution, à Marguerite Pascal.

  • Prudence Chéreil de la Rivière né le 16.6. 1766 se mariera en 1802 à Joseph Drouët Ecuyer Seigneur de Montgermont Maire de Bruz ° Rennes le 22.7.1757 + Bruz le 11.8.1823 fils de Léonard Gille Drouët Ecuyer Seigneur de Montgermont et d'Anne Julienne Gouain de la Rainerie.

  • Marie Rose Chéreil de la Rivière ° 16.8.1756 Rennes y décède le 24.6.1791 sans alliance

  • Fils anonyme né à Bourg des Compte le 9.9.1760 mort très jeune.

  • Françoise Magdelaine Victoire Chéreil de la Rivière née avant 1767 est citée marraine dans l'acte de baptême de son frère Paul Mathurin désignée comme "soeur de l'enfant absente" n'est pas indiquée dans le tableau de référence du Vicomte Frottier de la Merselière peut être y a t'il confusion avec l'enfant ci-dessus né en 1760 et mort très jeune. Je n'en ai trouvé aucune trace.

- Sa mère : Dame Françoise Michèle Banchereau qui décèdera en 1801.

SA BELLE FAMILLE :

- Sa belle-mère : Marie Rose Courtois de la Ville Hasselin épouse Pinczon du Sel - elle est l'héroïne de l'ouvrage de Madame Béatrice de Boisanger "Mémoires des Isles" publié chez Olivier Orban en 1986  -

Elle descend de Ecuyer Yves Courtoÿs Sieur de la Ville Hasselin Greffier au Parlement de Rennes né en 1661 et + en 1733.  x à Mathurine Elisabeth Guillaudeu qui furent ses grands parents -

Marie Rose est née en 1730 et décédera en 1824 x en 1750 au  Chevalier Pinczon du Sel né le 30.8.1719 qui décèdera le 24.4.1790 à Rennes et fut Capitaine au Régiment des Grondins d'où descendance Pinczon du Sel alliés aux CHEREIL. 

L'alliance consanguine entre Paul et Thérèse provenait de la famille Gouïn en effet : Perrine Gouïn née en 1700 épousera en 1720 André Mathurin Chéreil de la Rivière, grand père de Paul et père de Mathurin Pierre Chéreil de la Rivière,  et la soeur de Perrine : Françoise Rose Gouïn demoiselle de la Quemeraye née en 1705,  épousera en 1725 René Louys Yves Courtoÿs de la Ville Hasselin parents de Marie Rose Courtoÿs x à Vincent Pinczon du Sel -

Les PINCZON DU SEL débutent avec Charles Seigneur des Monts puis François du Sel,  - Jean de la Bordière fils de Bertrand, sieur de la Fontaine, - Eustache sieur du Rocher, et de la Quemeraye.  - Etiennot Pinczon du Sel écuyer dans une montre d'Amaury de Craon le 1.10.1412  peut être fils de Philippe Pinçon vivant en 1362 qui rendit hommage à la dame de Ruiz le 7.1.1382. - Pierre fils d'Etiennot épousera Catherine Mellet .

Ils portaient "d'argent, à la croix ancrée de sable, cantonnée de quatre merlettes de même et pour devise "Vite et Ferme"

ecusson_des_pinczon

Paul et Thérèse se trouvaient donc être cousins au 7ème degré en droit civil et cousins issus de germains en droit canon (petits-cousins).

- Son beau-frère et cousin : Auguste Pinczon du Sel fils des précédents né en 1754 meurt à Cayenne où il avait résolu d'être Colon avec son épouse et leurs enfants (5 enfants dont seuls deux survivront)

- Ses belles-soeurs et cousines : Marie-Rose et Marie-Anne restées filles, vivront dans l'entourage de leur mère et ne s'occuperont que de charité.

- Autre belle-soeur et cousine : Pauline Pinczon du Sel Soeur en Religion née en 1752 et vécut en Bretagne jusqu'à l'âge de 36 ans (La vie héroïque de Madame de Pinczon d'A. Gontier 1942 avec un très beau portrait de Pauline en Vénérable religieuse).

Je possède, bien sur, toutes les archives généalogiques de la famille Chéreil de la Rivière et le tableau de Frottier de la Merselière l'un des premiers généalogistes sur cette famille.

LE PARCOURS DE PAUL :

_parcours_paul

ou l'on voit tous les voyages réalisés par Paul

1767 - naissance à Rennes paroisse St Sauveur (acte de baptême Archives Communale de RENNES)

de 1777 à 1788 études au Collège des Jésuites de RENNES il y rencontre René de Chateaubriand qui est d'un an plus jeune que lui et est un de ses condisciples.

1788 - Son père étant décédé depuis deux ans, obtient l'autorisation de partir avec son cousin Auguste Pinczon du Sel en Isle de France pour gérer les affaires des Habitations des Du Sel qu'ils ont laissées quelques années plus tôt pour rentrer en Bretagne.

Le 13.12.1788 depuis l'Isle de France, départ sur l'Alexandre affrété par de d'Entrecasteaux pour fournir aux colons de Saint-Domingue du bois d'ébène (esclaves Noirs) - de la pacotille et des soieries des Indes ainsi que des bêtes à cornes. Paul emprunte à la Grosse 35000 Livres à plusieurs Planteurs qu'il perdra par la non arrivée heureuse à St Domingue du bateau . Capitaine de l'ALEXANDRE le sieur DAMY.

le 8.4.1789 - arrivée malheureuse à CAYENNE le 8.4.1789 soit 5 mois après leur départ suite à une tempête d'où dématage obligeant à réparations à Saint-Hélène au large de l'Afrique - pertes des trois quarts des marchandises.  Paul achète à CAYENNE le navire Le Pinson et la Fauvette pour gagner St DOMINGUE et les ILES DU VENT pour tenter de revendre le reste des marchandises sauvées.

Reparti de Cayenne le 25.6.1789 sur le Pinson et la Fauvette capitaine Marc Antoine Fauvet pour les Iles du Vent et St Domingue

Début 1790 - retour en France avec Auguste et début en avril du carnet de copie de lettres (24.4.1790)

Retour à CAYENNE d'Auguste qui y sera à nouveau en juin 1790 et s'y établira définitivement sauf un court séjour en Bretagne,  pour le mariage de Paul et Thérèse.

1er avril 1791 - Mariage de Paul et de Thérèse soeur d'Auguste.

mariage_paul_et_therese

Acte de mariage de Paul et Thérèse

Départ en juin 1791 en Isle de France avec son épouse sur le navire l'ANGELIQUE parti de Lorient

30.6.1792 - naissance du premier enfant le petit Paul.

1793 - La terreur et tous les problèmes dus à la lenteur de l'échanges des courriers avec la France

entre 1794 et 1802 Naissances d'autres enfants de Paul et Thérèse

25.12.1805 - décès de Thérèse au Port-Nord-Ouest (Port Louis)

retour en France en 1811 de Paul (voir le livre)

Août 1842 décès à CHAVAGNE au manoir des Fontenelles.

CONCLUSION :

Il m'avait bien sur été nécessaire de prendre contact avec les descendants Chéreil de la Rivière et Pinczon du Sel qui m'ont aidée au delà de mes espérances par leur gentillesse et leur apport de documentation me manquant  par la seule lecture du carnet. Je ne saurais trop encore les en remercier du fond du coeur.

Je trouvais par ailleurs,  en Guyanne, en la personne de M. Guéritault, une oreille également attentive qui m'aida considérablement pour mes démarches tant  aux Archives Nationales, qu'à Maurice,  mais aussi,  en la personne de Michel de Rotalier à PARIS et en celle de Madame de Boisanger auteur de Mémoires des Isles.  Sans oublier,  M. et Mme Comte et Comtesse Milon de Villeroy au manoir des Fontenelles à Chavagne, qui me reçurent avec énormément de courtoisie et de gentillesse un 15 août au sein  de leur famille venue passer quelques jours  et dans lequel manoir Paul était mort en 1842.

Aux Fontenelles ....

Nous pénétrons par une porte donnant  directement dans une large et accueillante cuisine à l'ancienne où l'oeil est immédiatement attiré par une gigantesque cheminée où l'on pourrait cuire un boeuf entier. La cuisine est à l'image de la maîtresse de maison, accueillante, chaleureuse et pleine de ressources. Puis, comme par enchantement, une grande pièce conviviale nous tend les bras. Là encore une imposante cheminée où se consument quelques bûches qui réchauffent ces larges murs où il fait une fraîcheur agréable en cette journée d'été.  Pièce éclairée par une petite lucarne assez haute qui y apporte une douce lumière diffuse. Une autre porte fenêtre donne sur un parc à l'opposé. De la salle de séjour, après la traverse d'un petit couloir d'où s'échappe l'escalier menant aux chambres, nous voici dans un immense salon très ensoleillé. C'est la pièce à vivre de la maison à n'en pas douter.

Aux murs se trouve encore un décor représentant les voyages dans les îles... serait-ce Paul qui l'aurait fait posé là et que la postérité a conservé ? Il semblerait que oui d'après notre hôte. Je ne peux pas être plus heureuse, Paul est là tout proche, qui me parle encore... et le parc, où pousse encore des jujubiers ramenés de Maurice, nous invite à la promenade en compagnie de nos hôtes si charmants si accueillants que c'est une douleur de devoir repartir vers d'autres horizons... Mais il le faut bien !

en_pleine_recherches

En pleine recherches aux Fontenelles recherches dans les titres de propriété du manoir.

Ma recherche, cependant,  ne prendra pas fin après ce voyage en Bretagne sur les lieux où vécut Paul en passant de Rennes, à Bourg des Comptes, Bruz, Mordelles, et Chavagnes...., elle continuera jusqu'en 1997,  car de nombreuses zones d'ombres resteront encore à éclaircir et puis, également, travailler sur la rédaction de l'ouvrage... mais cela c'est une autre histoire...

Madeleine Arnold Tétard

[tous droits réservés copyrights 2006]

couverture_livre Mon livre...

Un Aristocrate dans la Tourmente paru aux Editions COËTQUEN Cesson-Sévigné en mars 2006

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15 avril 2006

A Son EXCELLENCE Monseigneur Le Ministre de la Marine et des Colonies

Monseigneur,

Etant du nombre de ceux que le Gouvernement anglais de l'Isle de France a forcé par son arrêté du mois de septembre 1811 à quitter cette colonie où j'étais établi depuis nombre d'années et ayant préféré de sacrifier par ce départ précipité tous mes intérêts, plutôt que de prêter un serment que mon coeur eut désavoué, je me consolerai de toutes ces pertes si votre Excellence daigne m'être favorable dans le désir que j'ai d'employé mes enfants au service de notre grand Empereur.

Veuillez donc accueillir la demande que je vous fais pour mon fils Auguste Chéreil de la Rivière d'une place d'élève à l'Ecole Maritime de Brest. L'état brillant auquel votre sage administration a porté cet Etablissement m'est un garant qu'il s'y rendra digne de servir l'Etat avec honneur dans cette partie qui a été si justement confiée à vos talents distingués.

J'ai l'honneur d'être,

de votre Excellence,

Le très humble et très obéissant serviteur.

P. Chéreil de la Rivière

Ecrite depuis RENNES le 3.8.1812

preuve_retour_paul_lord_minto

Preuve du retour de Paul sur le Lord Minto en 1811

Cette lettre fait partie du dossier d'admission du jeune Auguste à l'Ecole Maritime et, en marge se trouve une note manuscrite écrite par le Préfet du département d'Ille et Vilaine, Baron d'Empire, Officier de la Légion d'Honneur, Monsieur RONNAN qui transmettra la lettre de Paul avec les pièces nécessaires au Ministre.

Cette note est la suivante :

Le Préfet d'ILLE ET VILAINE a l'honneur de recommander le jeune Auguste CHEREIL  la RIVIERE à la bienvaillance de son Excellence le Ministre de la Marine et des Colonies. Les sacrifices qu'a du faire son père en quittant volontairement la Colonie de l'Isle de France, méritent les égards dus à un citoyen dévoué à sa patrie. Les progrès de son fils dans ses études et les autres qualités qu'il annonce, paraissent un sûr garant de ses succès dans la profession qu'il embrassera.

Son père a une fortune suffisante pour l'entretien de son fils à l'Ecole spéciale de Marine.

Et l'attente va commencer...

Ce ne sera que le 23 septembre 1812 au retour d'un cours voyage à Paris où il entretient son négoce que Paul prendra connaissance de l'acceptation du dossier d'Auguste et répondra comme il se doit à son Altesse Monseigneur le Ministre de la Marine et des Colonies.

A son Altesse

Monseigneur,

J'ai reçu hier la lettre du 7 septembre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser à RENNES. Mon séjour à PARIS a empêché qu'elle me parvint plus tôt. Je m'empresse de vous adresser l'hommage de ma reconnaissance pour l'admission de mon fils à l'Ecole de Marine de Brest. Il tâchera par son zèle et son application à ses devoirs de se rendre digne de cette faveur et aura soin de se présenter à Monsieur le Préfet Maritime avant l'époque que vous lui avez assignée : le quinze du mois prochain et partira de RENNES pour s'y rendre.

J'ai l'honneur d'être,

Monseigneur, de votre Altesse

le très humble et très obéissant serviteur.

P. CHEREIL LA RIVIERE (le "de" a été abandonné depuis cette date)

Paris le 23 septembre 1812

Auguste deviendra Garde du Corps du Roi, puis Directeur du Télégraphe. Il sera fait Chevalier de la Légion d'Honneur et épousera Lucie Clotilde Philippe FRISETTE native de BOUSSU en Belgique et ils auront 3 enfants. Auguste décèdera âgé de 68 ans le 16.10.1865.

Quant à Paul il s'installera aux FONTENELLES à CHAVAGNES après avoir perdu ses deux filles Rosette et Prudence à trois jours d'intervalle et finira ses jours dans le joli manoir ci-dessous en 1842.

_chavagnes_fontenelles         deces_paul

photo : Christian Tétard 1989        Acte de décès de Paul Chéreil de la Rivière 25.8.1842

14 avril 2006

A Marie-Anne le 16 mars 1811

C'est un de nos compatriotes, Monsieur Carré, Rosette l'a connu à la Rivière Noire et chez moi, Chirurgien major de la Frégâte l'Astrée ma chère Marie Anne qui vous portera ceci : il veut bien se charger de vous porter aussi 300 Piastres que je me trouve avoir en ce moment sur mes économies. Vous en ferez l'usage que vous indiquera votre jugement.

C'est toujours autant de rendu vers vous, mes chers amis et je voudrais pouvoir vous envoyer de même sur trois ou quatre petites maisons. Je ne serais pas long à les suivre, mais tout cela qui va se trouver un peu difficile à réaliser et je prévois qu'il y faudra faire de grands sacrifices : j'y suis décidé et d'ailleurs la capitulation ne nous donne que deux ans pour quitter le pays à moins de devenir tout à fait anglais et cela ne peut convenir ni à ma position ni à mes idées.

Monsieur Carré voudra bien vous donner, sur les évènements qui se sont passés ici, des détails qui seraient peut être déplacés dans une lettre; je puis vous dire seulement que malgré notre résistance, nous avons été traités par les vainqueurs avec tous les égards possibles et qu'ils n'ont rien négligé pour maintenir parmi leurs troupes tout l'ordre qui pouvait assurer notre sécurité et le maintien des propriétés.

Quelques personnes ont souffert du passage de l'armée qui était de vingt trois à vingt quatre mille hommes, mais c'était inévitable.

Notre pays Hervé est un de ceux qui a été le plus maltraité ayant eu un camp établi chez lui pendant un temps assez considérable. On lui a fait espérer qu'il serait indemnisé mais il n'a encore rien reçu et, il se trouve extrêmement gèné dans ce moment.

Il a, de plus, le malheur d'être menacé de perdre son épouse, femme bien essentielle dans une famille comme celle-là. Je vous donne ces détails à cause de sa soeur auquelle je sais que votre humanité s'intéresse.

Vous avez sans doute auprès de vous dans ce moment, ma chère petite Rosette, comme je voudrais en avoir la certitude... Je lui ai écrit, ces jours-ci une petite lettre par un autre navire parti aussitôt et, dans l'ordre des choses, elle doit l'avoir reçue. J'ose à peine espérer d'entendre encore parler de vous jusqu'à ce que je vous rejoigne puisque je n'ai même pas encore la certitude de l'arrivée d'Auguste parti depuis quatorze mois.

Je vous l'ai déjà dit, mes chers amis, et vous, surtout, bonne Marianne, que ne dois-je pas pour les soins que vous donnez à mes affaires et à mes enfants. Mais je sais trop qu'ils vont devenir insuffisants pour les aînés. Si mes immeubles au lieu d'être situés à un des bouts de la ville et dans un endroit isolé étaient dans le centre, je les abandonnerais à un Procureur et j'irais vous seconder, par mes démarches, mais ils sont situés de manire à ce que cela devient impossible sans folie, malgré qu'on regarde comme impossible de placer dans ce moment aucun immeuble pour de l'argent. J'ai l'espoir qu'en les mettant dans le meilleur état possible et en y perdant peut être un tiers, peut être un peu plus, je pourrai tenter quelqu'un.

Mon petit avoir, y compris mon attellier (sic) peut me rendre par mois environ six cent cinquante francs argent fort, sans compter mon travail particulier. Peut-être ne réaliserai-je pas du fonds qui ne produit cela de quoi me faire douze cent Livres de rente en France, mais je serais au milieu d'une famille que j'aime avec mes enfants et dans le pays où je désire finir mes jours. Je n'ai jamais eu l'ambition, encore moins de goûts dispendieux, mes enfants n'auront point été accoutumés au luxe et j'aurais fait pour eux tout ce que je pouvais faire; je continuerais de le faire quand je leur serais réuni. Vous me seconderez encore comme de dignes amies, comme de bonnes parentes et j'espère que nous pourrons être tous heureux.

Il est possible que ce soit Monsieur Boulanger qui se trouve chargé de ceci parce que Monsieur Carré étant attaché au service, peut être réclamé sitôt son arrivée - c'est un aimable homme dont vous connaissez surement la famille qui a à Rennes une Manufacture de chapeaux. Je l'engage beaucoup à aller vous voir. Il vous sera utile pour les moyens de correspondre.

Je vous ai mandé bien des fois combien il m'était intéressant de connaître le succès de la lettre de change.

Adieu mes chers amis, assurez notre bonne mère du désir que j'ai d'aller l'embrasser et contribuer si je puis au bonheur de ses vieux jours.

Paul prendra le bâteau "Lord Minto", navire anglais, pour quitter l'île Maurice livrée aux Anglais et regagnera la France avec Prudence.  Cette petite dernière née qu'il avait gardé auprès de lui, ayant envoyé en France ses trois garçons et puis la fragile Rosette, plusieurs mois auparavant en les confiant au Capitaine de LA CREOLE. 

Dès 1807 les deux aînés prenaient la mer et arriveront sain et sauf, après de multiples périples,  depuis  Bayonne jusqu'à Rennes où les attendaient fébriles grand maman Dusel et leurs tantes  ainsi que tante Prudence Droüet de Montgermont.

Auguste quittera l'île Maurice à son tour en 1809 et, enfin, Rosette partie sur "l'ASTREE" accompagnée, nous l'avons vu du Chirurgien M. Carré.

Paul a alors 40 ans et est depuis 20 années établi en Isle de France.

Thérèse est décédée au Champ du Lort le 14 décembre 1805  mais la déclaration n'en  sera faite par Paul à Port Louis que  le 4 nivose an 14 soit le 4.1.1806.

acte_deces_therese

Acte de + de Thérèse Pinczon du Sel épouse Chéreil de la Rivière à Port-Nord-Ouest âgée de 34 ans.

Il regagnera sa Bretagne début 1812 et le 2 août de cette même année reprendra sa plume en père déterminé, qui va, de manière épistolaire, faire le "siège" du Ministère de la Marine et des Colonies pour obtenir l'inscription d'un de ses fils à l'Ecole Maritime de BREST.

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La guerre sur les mers Flotte anglaise

(gravure d'OUEST-FRANCE)

14 avril 2006

A Prudence 7 ventose an 11

Rien de toi depuis celles des Loges (le manoir des Loges à Bruz où demeure désormais Prudence) du premier juin. Sans doute tu y auras passé l'été. Comme je voudrais bien être près de toi, comme je seconderais ton mari !

J'ai reçu une lettre et un envoi de Jean Paul. Il ne s'explique point précisément sur les intérêts. Il parait proposer une association de chacun 5 à 6000. Je saisis cette proposition et la fait remonter jusqu'à l'envoi de Hambourg. Je le prie d'établir ma dette envers lui tant pour capital qu'intérêts.

Je te prie donc de lui demander ce compte de son avance et de lui en tenir compte. S'il fallait pour cela faire un petit emprunt, tu voudrais bien t'en occuper.

Cette navette, d'après mes demandes serait avantageuse et j'ai tiré bon parti, quoique les circonstances et quoi qu'il ait peu suivi mes notes, des dernières. Les achats sont très bien faits. J'ai reçu aussi deux petits barils de beurre.

C'eut été bien bon. Demi Piastre la livre. Des bougies à deux Piastres et demi. Nous avons de ce fait aggravé le niveau de la Thémie !!!

J'attends cependant vos réponses. Est-ce que nous aurions encore à craindre la guerre ?

Adieu mille choses à ton mari.

Ainsi se termine la relation des lettres contenues dans le carnet de Paul.

Que d'évènements vont encore bouleverser sa vie dans la colonie !

La mort de Thérèse en 1805 qui le laissera anéanti et ses enfants qui entrent au collège de Port-Napoléon pour quelques années...

Et puis 1811... et le retour en France ...

Voyons ce qu'il écrivait en mars 1811 par cette dernière et longue lettre retrouvée par Michel de Rotalier (descendant Dusel) et qu'il m'avait aimablement confiée pour mon roman.

13 avril 2006

A mon frère par LA DIANE

AU PORT NORD OUEST le 29 vendémiaire an 11 (ou 12)

Le départ subit d'un bâtiment qui marche très bien ne me laisse que le temps de te dire que j'ai reçu par la FLORE commandant Boulet, tes deux malles en assez bon état.

Je t'écris avec détail sur leur contenu par un négociant de Nantes qui devrait partir dans trois jours.

Je t'engage, si surtout la guerre....à multiplier tes envois suivant mes demandes, ils ne pourront qu'être avantageux.

Dans les comestibles, le vin, la bougie (comestible les bougies ???) le beurre, les salaisons, l'huile, le savon présentent un beau bénéfice... Dans les marchandises sèches : les livres élémentaires comme les deux premiers de Besout, les grammaires, quelques mythologies, des géographies, des atlas, des cartes de France et des pays. Des globes petits et grands. De très grande mappemondes, quelques anglais (livre d') des Berquins, des Beaumont-Genlis (Stéphanie Félicité du Crest Comtesse de Genlis - 1746-1830 Femme de lettres romancière émigrée en 1792 édita les Contes moraux en 1802 - et le roman de la Duchesse de la Valière en 1804 ainsi que divers ouvrages historiques très prisés à l'époque) enfin tout ce qui a rapport à l'instruction et pour la lecture des enfants, également de la musique.

Des bretelles si elles sont encore de mode, des parapluies grands et moyens, des parasols, de la fayence (sic) anglaise en assiettes plates et petites et moyennes, quelques soupières, pots de chambre en fayence de France, des marmittes depuis et jusqu'à six pointes. Des verres à fond pour eau grands et moyens, des chapeaux légers, mais de bonne qualité et quelques uns pour enfants.

Autre lettre à son frère Jean Paul qui sera l'avant dernière du carnet - très longue, très détaillée sur la mode du XVIIIè siècle. Elle paraît être débutée le 28 vendémiaire et être écrite par Thérèse sous la dictée de Paul car l'écriture est celle de la jeune femme.

La dernière lettre s'adresse à Prudence le 7 ventôse an 12 - sans doute y a t'il eu un autre livret après celui-ci mais comment le savoir ?

A Jean Paul par la HENRIETTE le 28 vendémiaire an 11

J'ai reçu mon ami ta lettre de Paris du 10 août par le même navire qui m'a apporté la pacotille que tu m'y annonces.

Le tout est débarqué depuis trois jours en assez bon état et, en partie, déjà vendu.

Pour répondre d'abord à l'article de ta lettre où tu me dis qu'il faut convenir du mode de commerce que nous pouvons établir ensemble, celui qui me paraîtra le plus agréable avec toi serait celui ou tout serait commun entre nous : profits et pertes. Ainsi, puisque tu m'en laisses le choix, c'est celui que j'adopterais. Seulement, vu les considérations ue je t'ai détaillées dans ma lettre par La THEMIE de mars an 10, je désirerais que ma part d'intérêt ne fut pas plus de cinq à six mille livres comme tu le fixes toi-même.

Ainsi donc tu voudrais bien établir un compte à commerce de ton envoi d'Hambourg par Monsieur Goynard. Tu en fixerais l'époque que je ne connais pas au juste afin que je te tienne compte de ma moitié d'intérêt sur cette première somme. Quant à l'assurance je ne crois pas qu'il soit juste de t'en tenir compte puisqu'alors tu devrais compter à ton tour des 15,8% d'avaries qu'a éprouvé, à ce qu'il paraît, le vaisseau et qui ont été prélevées sur nos retours ce qui n'a pu être fait que d'après un jugement du tribunal de commerce.

Tu me débiterais également de la moitié de toutes les sommes que tu aurais pu avancer ainsi que de leur intérêt jusqu'à l'époque à laquelle je pourrais te rembourser, à me faire des envois le plus conformément à mes demandes qu'il sera possible jusqu'à la concurrence de la somme augmentée probablement de quelques bénéfices.

L'envoi de montres dans lequel tu as déjà un associé et la demande de marbrer pour mon usage que je t'ai faites ne seraient point compris dans notre société. A présent, je vais te donner avec détail mon avis sur ce que tu m'a envoyé :

Bijouterie de cuivre - je t'ai déjà dit mon avis sur cet objet, cependant depuis quelques temps, il s'en place un peu mais c'est en jolie bijouterie des formes les plus à la mode comme : médaillons, épingles etc.. j'ai cependant quelques espoirs de placer la tienne pour la traite. Elle est arrivée très ternie.

Eventails - Au prix où tu les as achetés on ne peut pas être embarrassés.

Souliers de femme - Cet article est presque toujours bon mais, il faut qu'ils soient généralement un peu grands de marocain ou masqué brodés pour la pluie. Pourtant si ce n'est pas beaucoup plus cher emballés avec le plus grand soin et fixer sur des trinquets avec des points ou dans des tiroirs de meubles, ce qui remplit les vides, doublés de toile parce que le cuir les fait piquer. Les tiens étaient dans le plus mauvais état, piqués et presque invendables, ils n'ont passé qu'à la faveur des bretelles.

Bretelles - Très bon article dans ce moment, j'eusse pu en vendre deux cent paires à un Piastre et demi aux madames.

Bougies phosphoriques - La colonie en est infectée, le bon achat nous sauvera

Porte-crayon à plume - étui d'écaille et ivoirs garnis - Bien choisis, bien achetés, on peut en envoyer un peu sans forcer sur cet article qui est toujours abondant, il ne faut point de porte-hameçon.

Montres - Détestable article en ce moment. L'île en regorge. Dans tous les cas, il ne faudrait jamais en envoyer de vieilles. On les a ici à bien meilleur marché qu'à Paris parce que l'or y est bien moins cher.

Etui de mathématique - assez bon article. Il en faut peu

Fiches - S'il n'y a pas d'erreur dans ton prix qui en porte vingt sept Piastres pour 3 Livres, on pourrait en envoyer beaucoup de toute grandeur jusqu'à 10 Livres. En fer et en cuivre ainsi que des serrures pour portes fortes et légères pour armoire. Je te l'avais déjà mandé.

Epingles - aiguilles - Il y en a toujours dans l'île les belles aiguilles anglaises se vendent encore moins. Il faut qu'elles ne soit nullement tâchées. Les tiennes étaient rouillées surtout celles en étui..

A NOTER QUE DANS LE LIVRET se trouve une aiguille à tête provenant sans doute de cet envoi

Bijouterie au poids - Il n'en faut point du tout et je pourrais t'en envoyer de retour si je ne l'employais. L'or au titre ne se vend ici qu'un Piastre et demi le gros et je fonds toujours de la bijouterie comme celle que tu m'as envoyée. Il ne faut dans ce genre que tout ce qu'il y a de plus beau et de plus nouveau.

Livres - Cet objet s'est encore trouvé bon parce qu'il était bien choisi et surtout bien acheté, surtout ceux que tu as eu en vente au prix chez Marandeau et sont malgré la réduction plus chers que les autres. Les livres élémentaires sont toujours bons, cependant il ne faut en mathématiques que les deux premiers volumes de Bezost et, surtout, le premier, j'eusse pu en vendre cent volumes mais il ne faudrait pas en envoyer cette quantité parce qu'ils peuvent devenir plus communs.

Des grammaires, des géographies avec de beaux Atlas, de grandes cartes de France et mappemondes. Quelques globes colors et terrestres. Quelques mythologies. Quelques dictionnaires tant français comme ceux que tu m'as envoyés, qu'anglais. Tu m'en annonces de portatifs (effectivement à cette époque les dictionnaires sont volumineux et intransportables s'agirait-il d'une édition beaucoup plus allégée ?) qui eussent été bons mais je n'ai pas trouvé encore les Berquin. Mme Beaumont-Genlis et tout ce qui a rapport à l'instruction et à la lecture des enfants. Il faut que tes livres élémentaires soient des dernières et meilleures éditions et cartonnées.

1

Extrait de cette fameuse lettre....

Le 5 ventôse (même lettre)

Je t'ai écrit à la hâte il y a six jours et je t'indiquais en abrégé les mêmes objets que dans celle-ci. Les comestibles continueront toujours d'être l'objet d'envoi le plus sur, en les prenant chacun dans leurs lieux : le vin, la bougie, le beurre, la salaison, l'huile, le savon, le vin en barrique entraîne cependant de grands frais et demandent à être choisis avec beaucoup de soin.

Celui en caisse serait plus convenable parce que d'ailleurs il peut supporter l'attente si le moment ne se trouve pas assez favorable pour la vente, le beurre, salaisons et bougies peuvent être envoyés avec avantage de Bretagne mais il faut que l'huile et le savon viennent de Marseille même.

Je ne sais ou on tire les marmites celles de une à six piastres sont d'une consommation journalière si grande qu'on peut toujours compter sur un bénéfice. La fayence anglaise c'est à dire des assiettes plates et un tiers creuses, plats petits et moyens également sont bonnes. Quelques soupières pour autre chose. Des pots de chambre mais en fayence de Rouen ou autre de même espèce. On peut remplir les vides de bouchons ou autres choses légères. Des verres à boire dits fonds-d'eau grands et moyens. Des chapeaux frais et légers, quelques uns pour enfants - des parapluies grands et moyens. Quelques parasols. Des bretelles si elles sont encore de mode.

Continuation de mes remarques sur ton envoi :

Dessins et crayons - Tu as trop forcé sur cet article, il n'en faut plus.

Musique - Il y en avait beaucoup plus que je n'en avais demandé et beaucoup trop.

Gardes toi d'en envoyer d'autres. Un des frères Gaveaux (Pierre GAVEAUX né en 1761 à  Béziers, chanteur, compositeur. Egalement en 1847 un autre GAVEAU prénommé Joseph fondera une maison française de facture de piano qui fabriquera également des clavecins, des clavicordes, épinettes et virginals) en a apporté pour trente mille. Envoyez seulement quelques solfèges.

Tu pourrais encore envoyer quelques jolis fusils d'enfants - peu - à deux coups. Quelques glaces dans la proportion que je t'ai demandé. Quelques jolis meubles mais pas par de la Hogue et peu de placage. Tes pendules vases se fussent placées si elles avaient été très fraîches (neuves sans doute).

Je ne puis pas commencer à te faire des retours avant deux ou trois mois ne pouvant vendre à plus court terme. J'en donnerais avis d'avance à un de nos correspondants pour faire commettre l'assurance.

L'ivoire et l'écaille sont rares, cependant je verrais. Il me semble que tu pourrais vendre une partie de nos retours à Paris même et par là nous sauver une garantie considérable.

Continue de faire pour le mieux de nos affaires et si tu trouvais à me faire faire des envois pour d'autres je me recommanderais de toi. La commission ordinaire du pays est de 5% sur les ventes et 5% sur les retours. Je me contenterais de 3% sur les retours. J'en recevrais également à un demi pour bénéfice en bons objets à un prix raisonnable.

Adieu mon ami.

PS Monsieur le Gendre a du te faire part des retours que je lui ai adressés par MM. Gautier Négociants à Bordeaux pour partie de la vente de votre envoi de montres. J'ai été obligé de vendre la dernière à terme et je n'ai pas encore été payé. Je ne suis pas sans inquiétude sur cette créance qui est de 50 Piastres. Je vais encore faire mon possible pour en presser le payement et joindre cet objet à ceux qui nous concernent.

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13 avril 2006

Monsieur SAUVAGE père à Saint-Malo

Le 21 Frimaire an 11

J'ai reçu il y a huit jours votre lettre du 28 juin et le reçu-à-bord de deux barils de beurre dont vous avez fait l'emplette.

Malgré la traversée ils sont arrivés bien bon. Mes remerciements de votre bon soin.

Cet objet eut été d'un grand bénéfice la livre vant quarante Piastres.

Dans le moment où il reste aussi bon, il serait avantageux et je vous prierais de m'en envoyer une vingtaine de barriques par la première occasion et vous entendre pour cela avec Mademoiselle Dusel.

L'expédition serait peut être plus facile par Nantes ou Bordeaux et je pense que les occasions ne doivent pas manquer surtout par Bordeaux qui nous expédie beaucoup de navires.

Nous avons eu le plaisir de jouir convenablement de la société de monsieur votre fils.

J'ai l'honneur d'être.

A Messieurs VILLEGILE - CORSON et C° Négociants à Nantes

6 Vendémiaire an 11 (là je pense qu'il y a une erreur de la part de Paul car vendémiaire ne fait pas suite à Frimaire... sans doute a t'il voulu mettre an 12 !!!)

Je n'ai pas reçu votre lettre par Lorient contenant les factures, mais celle de Nantes du 19 Octobre contenue dans deux malles parvenues par "La FLORE" . Vous avez surement pu charger à bord du navire arrimé du sieur Couestin soit la troisième caisse.

Je vous remercie de vos soins et en profiterais, si, de mon côté se présente l'occasion de vous être agréable.

Je vous prie de croire au zèle de votre dévoué.

12 avril 2006

A Marie-Anne par la frégâte LA JULIE

10 frimaire an 11 de la main de Thérèse

Nous avons bien reçu les lettres pour mes deux pupilles. Les enfants vous envoient leur charmante amitié. Paul a eu un prix pour sa composition française. La vie est toujours semblable à elle-même, c'est-à-dire éprouvante si éloignée de vous tous.

A Prudence, par Nantes le 25 Frimaire an 11 de PAUL

L'arrivée du bâtiment des demoiselles Lelièvre et Boudin fut bien retardée. Mademoiselle Lelièvre a été bien incommodée par le voyage mais maintenant elle est rétablie. Je crois qu'elle fera des affaires car elle prend 15 Livres la leçon. J'ai saisi l'occasion de la faire valoir. Constance a fait un grand effet par sa fraîcheur. Elle n'est point encore venu voir ma femme.

J'ai reçu tes lettres par Lorient et des congés du premier juin. Je suis bien aise de cette emplette. Comme il serait doux d'être enfin réunis, quels plaisirs seraient les nôtres. Je vois que tu le regrettes bien aussi.

Comme je te sais capable de conduire correctement les affaires de mon frère, je t'approuve de manoeuvrer  pour demander des indemnités pour les pertes occasionnées. Mais quelle honte pour lui que ces odieux soupçons !

Pourquoi lui abandonner ces revenus qu'il a touchés comme noble puisqu'il conteste le tout. Je te plains et de remercie de ton zèle et de ta générosité pour moi.

Il avait reçu autrefois la copie de mon compte qui est surement erroné à cause des évènements de Marie-Rose (Paul évoque ici la mort de son autre soeur en 1791 qui se prénommait Marie-Rose) aussi celui établi entre maman et moi.

Tu verras comment j'ai conçu ce compte, aussi celui des recettes et dépenses année par année de 1797 à 1801. Ce qui fera un grand changement mais celui avec mon frère écrit les 10000 Livres de mon contrat et l'avenir lui paraîtra dur !

Mademoiselle Sabourin devant être à Lorient, je verrais encore un homme de Loi de Bourbon établi ici. Thérèse va bien mais il m'inquiète pour sa santé car elle nous fait des pertes blanches !

Tendres adieux ma bonne amie. Dieu veuille que cesse de tels troubles...

12 avril 2006

A Monsieur MEUNIER Horloger à Bourbon

Par cette lettre, Paul contraint son débiteur a lui payé une montre qu'il aurait emporté par mégarde sans donner l'ordre qu'elle ne soit payée à Paul... Nous constatons que sous des dehors très polis et parfaitement conviviaux, Paul menace quelque peu son interlocuteur de représailles au cas ou ...

Monsieur,

J'ai été fort étonné d'apprendre votre départ subit pour Bourbon et, j'eusse pensé qu'auparavant cette démarche, vous m'eussiez rendu compte de la petite affaire que je vous avais confiée, cependant celui qui parait chargé de vos affaires n'en a eu aucune connaissance.

Il paraîtrait, par la note que vous lui avez laissé, que ma montre est passée en d'autres mains et, ce que disent les apprentis le confirme?

Je vous prie Monsieur de vouloir bien éclairer cette affaire en me mandant, si vous l'avez vendue ou échangée ? Dans le premier cas, avez-vous à votre disposition la somme que vous avez reçue. Dans le second, les objets que vous avez eu en échange sont-ils restés entre les mains de celui qui est chargé de vos affaires ? Nous avons cru trouver mon nom sur votre liste pour une montre à recouvrement mais, comme les noms propres sont difficiles à lire, cela demande éclaircissement.

On m'avait conseillé une démarche qui eut pu m'assurer la propriété de ma montre qui est bien reconnaissable parmi celles qui restent à Monsieur Parade et que j'eusse facilement prouvé être la mienne mais, comme ce moyen eut beaucoup nui à votre réputation, il m'a répugné, pensant que c'était inadvertance ou négligence seulement qui vous avaient empêché de solder cette petite affaire. Votre réponse me confirmera, j'espère dans cette idée.

Je me suis contenté de faire prier Monsieur Parade de me remettre cette montre en personne jusqu'à votre réponse ainsi vous voyez combien il est nécessaire que vous en fassiez une précise.

J'ai l'honneur d'être, monsieur..

12 avril 2006

A Prudence par le GUILLAUME FOREST

De la même date.

Ta lettre par monsieur Le Noir m'a fait un chagrin réel. Je ne me doutais pas à quel point, mon pauvre frère était pingre... Je ne croyais pas son avarice si minutieuse, ni qu'elle pu éteindre tout autre sentiment !

Qu'il est pénible pour toi de te faire l'intermédiaire de ce fait, je regrette seulement de n'être pas de ce fait avant mes propositions de commerce. Thérèse ne le voulait pas cependant ! ses lettres sont pourtant amicales, elle croyait y voir un défaut de clareté en ses propos qui pouvait supposer une simple "fermeture" de porte aux deniers...

Nous ne savons encore à quoi nous en tenir pour la pacotille d'Hambourg ?

J'ai peu vu Monsieur Le Noir, je pense qu'il sera placé à Chalins.

Tu sais sans doute comme monsieur Miniac nous avait été adressé et comment nous l'avions accueilli et placé. Et bien, il vient d'être tué en duel ! Préparer sa tendre mère à ce cruel évènement ! Si je puis lui être utile... il n'avait point encore entamé la part de la succession de son frère. Ce jeune homme avait une facilité étonnante. Les deux frères mort à si peu de distance pauvre mère comme je comprends son chagrin qu'il va vous falloir atténuer.

Je vois avec peine que Rennes ne sera pas ton séjour. Nous ne pourrons vous réunir à vous avant dix huit mois à deux ans tant qu'il ne sera rien règlé sur les créances arrièrées. Aussi, correspondons là dessus pour la gestion de nos petites affaires.

Je suis ici fort occupé : charpente - menuiserie - orfèvrerie, peinture même !

Je prends peu de revenus et j'y supplée autant que possible cependant peu de bénéfice. Et toi, ma chère, t'occupes tu beaucoup de ton piano ?

J'ai été peiné d'apprendre le tort de tes yeux. As tu essayé les remèdes ordinaires ?

Thérèse est allée passer quinze jours à la campagne. Cette absence quoique pénible me satisfait parce qu'elle la distrait.

Monsieur Sauvage vous portera nos paquets.

6 Brumaire an 11 - de la main de Thérèse donné à M. Sauvage par l'Amitié

A Marianne,

Monsieur Sauvage vient de nous quitter. Quel regret qu'il ne puisse nous emmener avec lui. Les enfants font de réels progrès en tout mais Paul manque d'ordre et de mutation pour ses idées mais il est plein de douceur. Ses dispositions à régenter tout me font désirer d'en faire peut être un homme de Loi.

Je suis toujours fort inquiète sur la santé de Rosette, elle est si petite au regard de ses frères qui étaient de gros poupons bien dodus. Paul m'a envoyé une quinzaine chez Madame Pauliou à la campagne, il est persuadé que cela m'a reposé, c'est surtout pour Rosette que le profit a été bon.

Paul a écrit à Prudence pour l'aviser du décès de Monsieur Miniac en duel. Je vous demande de seconder Prudence auprès de sa chère maman qui est au faut d'avoir perdu deux fils !

Paul a envoyé, par Monsieur Legendre, deux balles de café, l'une est pour toi, l'autre est à partager entre Prudence et Caroline.

Nous ne pourrons vous rejoindre d'ici à deux ans tant nos affaires ici sont difficiles à conclure.

J'ai envoyé mon portrait que Monsieur Tetiot a fait. Mesdemoiselles Le Lièvre et Boudin sont en Espagne. Je vous réitère ma demande de perruque à chignon.

Recevez nos plus tendres baisers.

port_bordeaux

Le port de BORDEAUX

12 avril 2006

Monsieur LEGENDRE Horloger à Rennes

Je vous mandais le sept fructidor qu'après la vente de vos montres je vous expédierais les retours à l'adresse de MM. Oudet de Lorient, mais, n'ayant pas charger pour Lorient et ne voulant point prendre volontairement de retard, j'ai envoyé pour Bordeaux seize balles de partie de produits de vos objets à bord du "Charly" qui part dans dix ou douze jours, à l'adresse de MM. GAUTIER et C° à qui j'écris pour faire assurer sur 1600 Livres et pour vous donner avis de l'arrivée et les tenir à votre disposition suivant avis ou autrement.

Je ne vous envoie point de compte parce qu'il reste cette à savonnette (sic) encore invendue. Quand elle sera placée, je vous enverrais le compte définitif et celui d'achat du café. J'ai vendu, au prix que je vous ai dit et ai payé le café douze trois quart à cause de la grande concurrence.

La montre de mon frère est vendue 65 Piastres et le retour est compris dans l'envoi de 16 balles qui ne complètent pas en entier la somme que j'ai à vous retourner. Je n'ai pu charger davantage et après la vente de la dernière, je solderais le tout.

Je souhaite que le tout vous arrive avec succès et j'ai l'honneur d'être votre obligé.

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