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Les écrits de Paul
4 avril 2006

A Renouard de la Chenardière ET A Monsieur Bailly à NANTES

Le 1er mai 1791

N°6

Je vous reverrais bientôt, mon cher ami, et vous ferais connaître ma petite femme gaie et aimable à laquelle je suis uni depuis un mois.

J'étais à Lorient à arrêter mon passage lorsque votre lettre du 18 septembre 1790 m'est parvenue par l'Archimède capitaine Barbout. Je l'ai arrêté sur le navire L'ANGELIQUE qui partira à la fin du mois ou au commencement de l'autre.

Ce n'est point le Capitaine de la Poeïre qui m'a remis votre lettre, il était, m'a t'on dit, sur la Louise Chérie qui, comme vous pouvez le savoir s'est perdu au CAP et s'est réembarqué sur le Condé qu'on attend tous les jours.

Le Faune est également attendu. Du Sel s'en va décidemment à Cayenne où il trouve des avantages inespérés et qui lui font passer sur les désagréments du pays.

Vous avez, sans doute, reçu les mille Piastre par le Capitaine Fauvet. Je vous annonçois par le même navire une malle de souliers d'homme mais elle arriva à Lorient le lendemain de mon départ et n'a pu partir depuis. Je vous la porterais avec quelques autres marchandises dont j'ai fait l'emplette, un assortiment de papiers et registres et papier à tapisser de chez Auvray, dix à douze douzaines de paires de gants de femme de couleur jaspée (bigarrée naturellement) et à médaillons. Environ 200 paires de souliers de femme d'un joli goût. 600 settiers de poudre et 12 douzaines de lampes de billard à la Kenker.

Je ne sais si Monsieur Marcadé, d'envoi duquel je vous annonçois un tonneau de vin, vous l'a expédié car il est d'une négligence incroyable à écrire et à agir.

Je n'ai encore pu parvenir à me faire payer de M. de la Grasserie malgré les demandes sans nombre que j'ai fait pour cela.

Je renonce à peu près à l'être avant mon départ.

Mon frère est à Saint-Malo auprès de sa femme qu'il est au moment de perdre...

J'aimerais bien, mon cher Renouard, trouver à mon arrivée une chambre et un cabinet pour ma femme. Je m'en remets, là dessus, à votre amitié. Il y aurait bien des nouvelles à vous mander, mais le temps ne me le permet pas je me suis dépêché de vous écrire ce peu de notes par une frégâte que je viens d'apprendre à l'instant partant de Brest.

Votre ami pour la vie.

A Monsieur BAILLY à Nantes de Rennes le 2 mai 1791

Mon cher oncle,

J'ai reçu dans l'émotion vos deux lettres du 12 avril et du 1er mai. Je n'ai pas bien entendu la première. Vous me dites que dans mes débiteurs il en est qu'on ne peut solder qu'en argent. Est-ce Monsieur Nicolas qui a pu vous dire cela ? En ce cas, il vous eut indignement trompé puisqu'au contraire, je lui ai compté les comptes des 100 Livres que je restois lui devoir, tout exprès, pour qu'il n'eut pas la prétention d'être payé autrement qu'en Assignats.

D'ailleurs, mon mandat prouve que je n'ai point pris d'autres engagements avec lui car j'en eusse fait mention. Aucun donc n'a le droit d'exiger de payement autrement qu'en Assignats. D'autres dites-vous ne peuvent être soldés qu'en papier cours sur Paris.

Je n'ai point pris ces engagements avec aucun autre; Monsiuer Auvray m'avait bien dit que ce genre de payement lui conviendrait mais je ne lui avois point promis et n'avois fait mon billet qu'à quatre mois. Je ne sais quel arrangement vous avez pris avec lui du reste mon cher oncle, j'espère faire honneur à mes engagements à mesure qu'ils se présenteront  et, je ne vois pas être beaucoup en retard.

Je vous ai adressé : 500 Livres

Voilà un Assignat de 300 Livres     soit au total 800 Livres

Vous avez eu la bonté de payer

A Nicolas                100 Livres

A Lemale                 400 Livres

Vous venez de payer à Lemale 137 L. 10 Sols

Papier-peinture, chandelle et huille  66 L. 14 Sols

vous aurez encore de quoi solder et au delà de mon engagement au premier juin envers M. Maisonneuve surtout quand vous aurez touché la petite solde que doit vous remettre

Monsieur Lincoln à M. Maisonneuve 54 L. 8 Sols

soit un total de 758 Livres 12 Sols

Je serois toujours exact mon cher oncle, à vous faire passer les moyens de satisfaire à mes engagements quand l'époque en viendra.

Vous demandez, mon cher oncle, pourquoi nous avons endossé un Assignat et non l'autre, c'est que l'un était passé à notre ordre et que l'autre ne l'était pas.

J'ai l'honneur d'être.

PS - je vous prie mon cher oncle de me charger de vos commissions pour l'Isle de France ou je passe en la fin du mois avec ma femme.

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